Paola TABET, ou comment analyser les échanges économico-sexuels sous un angle neuf

Paola TABET, autrice, professeure et chercheuse italienne, est une des découvertes inspirantes de mon année. Académiquement, son domaine est l’anthropologie et l’ethnologie. Elle s’est surtout concentrée sur le sujet des rapports sociaux et économiques entre les genres, sur la sexualité et sur le racisme.

La grande arnaque : sexualité des femmes et échange économico-sexuel est la compilation de plusieurs ouvrages, recherches et articles qu’elle a écrits entre 1987 et 2001. C’est donc l’aboutissement de plusieurs décennies d’études de son sujet à travers le monde. Étant ethnologue, ses articles et essais sont la compilation de témoignages et d’enquêtes de terrain essentiellement, dont elle tire ensuite des conclusions.

On retrouve des extraits et des réécritures de ses travaux passés dans La grande arnaque et ce livre est donc suffisant pour cerner l’essentiel de sa pensée.

Le cœur de cet ouvrage est un concept qu’elle a créé : l’échange économico-sexuel, servant à définir une catégorie de relations sociales qui n’avait pas de nom spécifique jusqu’alors. En effet, même si les termes économique et sexuel mis côte à côte évoquent immédiatement la prostitution et les différentes formes de travail sexuel, cet ouvrage s’intéresse à des modes relationnels infiniment plus variés que l’échange d’un service sexuel délimité dans le temps contre un prix convenu, définition courante de la prostitution en Europe.

Ainsi, dans un contexte européen où l’approche abolitionniste de la prostitution est vue de plus en plus comme le modèle à atteindre (le « modèle suédois »), et où les arrivées de réfugiés politiques et humanitaires sont de plus en plus restreintes par les gouvernements (avec une montée des partis d’extrême droite dans toute l’union européenne), les recherches de Tabet ouvrent une nouvelle grille de lecture sur les migrations des femmes dans le monde, leur rapport avec le système patriarcal, et l’utilisation du travail sexuel par de nombreuses femmes comme un outil pour s’approprier une indépendance financière qu’elles n’auraient pas acquis autrement.

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Sans cependant de complaisance avec la réalité souvent cruelle des échanges sexuels des femmes à travers le monde, elle met en évidence le continuum entre des échanges économico-sexuels considérés comme légitimes et d’autres comme illégitimes, le flou des limites au delà desquelles une femme est putain, et l’élaboration de la sexualité féminine en service en miroir à une sexualité masculine de loisir en confrontant observations ethnologiques, récits de femmes et témoignages écrits à travers le monde.

Elle offre également un regard critique sur les écrits anthropologiques d’hommes sur les échanges sexuels et économico-sexuels, en tentant de discerner ce qui, dans leur approche, est une vision objective, de ce qui souffre de biais de confirmation : focalisation sur le discours des hommes, préjugés racistes, androcentrisme, biais genré.

Son œuvre est l’occasion de revisiter et réinterpréter, sous un angle nouveau, l’observation des échanges reproductifs, sexuels ou amoureux comme symptomatiques de la domination économique mondiale à l’encontre des femmes.

Elle se base uniquement sur un contexte hétérosexuel.

 

La première partie de sa démonstration porte sur l’idée de continuum au sein des échanges amoureux et sexuels, tarifés ou non, entre hommes et femmes.

En simplifiant : plus que des cases définies et isolées les unes des autres (avec d’un côté la relation gratuite, de l’autre la payante ; d’un côté la passe courte, de l’autre le mariage pour la vie…), elle analyse ces relations comme un spectre, comme fluides et reliées les unes aux autres, coexistantes et changeantes.

  • temporellement, contrairement aux idées reçues, il n’y a pas de dichotomie entre un mariage de durée longue et une « passe » de durée courte
  • sur les personnes impliquées, qui ne sont pas fixes mais en roulement : les périodes de travail sexuel sont entrecoupées de périodes de mariage, il n’y a pas une catégorie de femmes à part pratiquant des échanges économico-sexuels, plutôt plein de femmes issues de plein de catégories qui se relaient dans ce rôle selon leurs besoins et situations et donc cette forme relationnelle se mêle généralement aux autres,
  • mais aussi sur l’idée même de paiement. Qu’est ce qui est don, qu’est ce qui est prix ? Cette question ne fait pas l’unanimité au sondage et la réponse apportée dépend avant tout du contexte culturel dans lequel on la pose. Quand on essaie de poser un critère, les contre-exemples abondent. Par exemple, la négociation d’une somme est présente dans de nombreuses formes de mariage sans les définir comme prostitutionnels.

Malgré tout, sur cet axe fluide, on trouve une cassure. Tabet nous dit « La coupure qui nous apparaît maintenant ne sépare pas la prostitution du mariage (ou du rapport amoureux en général), elle sépare plutôt certains rapports de service sexuel des autres. »

Et cette cassure porte sur la position de la femme dans ce rapport de service sexuel. En somme, on peut séparer les relations où la femme est partenaire de l’échange (sujet actant) de celles où elle est échangée (où elle est un objet d’échange).

Dans un cas elle propose un service conjugal contre un don ou un prix et elle participe à créer l’échange et ses conditions. Par exemple c’est le cas de la prostitution mais aussi de la pratique des « paying lovers » en Ouganda (concept assez proche du Sugar Daddy aux USA), ou le mariage damoz en Ethiopie.

Dans l’autre cas, des hommes échangent entre eux sa personne/son corps/sa capacité de travail et reproductive/sa sexualité. Par exemple c’est le cas des échanges rituels de femmes entre les groupes d’hommes, de certains mariages arrangés, mais aussi des viols collectifs organisés ou de la traite des femmes à but prostitutionnel.

 

Définir ce qui est ou non de la prostitution va être central dans ce travail de recherche, afin de pouvoir distinguer la notion de prostitution de celle d’échange économico-sexuel clairement, et ainsi faire apparaître en négatif leurs différences et points communs.

Pour ce faire, l’autrice souhaite trouver les traits indispensables à la présence de prostitution. Cela implique de mettre en perspective la vision occidentale de celle ci, impliquant : des partenaires multiples, et une rétribution monétaire, en recherchant au travers d’exemples ethnologiques la preuve que ces deux caractéristiques ne sont ni limitées à la prostitution, ni suffisantes pour qualifier un rapport de prostitutionnel. Elle met en évidence l’existence de nombreux rapports sociaux, et ce dans plusieurs populations, qui ne sont pas considérés comme prostitutionnels malgré la présence de rémunération et/ou de plusieurs partenaires.

Elle se pose aussi la question de qu’est ce qui crée le stigma social de prostituée : « nous demander sur la base de quels comportements ou de quelles situations une femme peut être définie comme putain », et démontre qu’ une femme peut socialement être une prostituée en ne faisant pas payer ses services sexuels et/ou en n’ayant pas plusieurs partenaires.

De la on tire un questionnement : comment le même terme peut il recouvrir autant de réalités, de situations différentes qui ne semblent avoir aucun lien ? Quelle logique les relie et en fait une catégorie à part entière ?

 

D’après Paola Tabet, ce qui crée le stigma de putain est l’activité sexuelle extérieure aux règles morales établies. La rétribution ou non du rapport devient donc complètement secondaire.

C’est « l’usage de la sexualité des femmes hors et à l’encontre des structures de l’échange des femmes », un usage qui va soustraire une femme au « marché amoureux » classique et accepté socialement.

Il est soit l’appropriation par une femme de sa propre sexualité (passage d’objet d’échange à sujet qui échange ses services), soit l’usage jugé incorrect de la sexualité des femmes par des hommes (les « viols non légitimes », ceux se déroulant en dehors de la cellule maritale ou allant à l’encontre des mœurs, par exemple l’esclavage sexuel ou les viols collectifs).

Dans les deux cas, c’est une transgression des normes de la famille et de la parenté. On est dans le tabou, la prostitution choque car elle ne s’inscrit pas dans le circuit traditionnel du travail conjugal gratuit des femmes.

 

En observant les contours de la définition de prostitution, on peut en négatif obtenir une autre définition : une définition sur qu’est ce qui est un bon usage ou un mauvais usage des femmes et de leur corps. Le « stigmate de la putain » sert donc ici d’outil normatif pour contrôler la sexualité féminine.

Tabet classe les rapports perçus comme prostitutionnels dans le monde en 4 catégories :

  • des rapports rémunérés avec statut de sujet/partenaire de l’échange pour la femme (donc la prostitution au sens professionnel du terme)
  • des rapports rémunérés avec statut d’objet d’échange pour la femme (esclavage sexuel, traite – parfois cependant il peut y avoir contrainte, rémunération et partenaires multiples sans que le rapport soit perçu comme prostitutionnel si il reste dans le cadre du « bon usage », elle cite l’exemple du mari Hima qui peut imposer ces rapports à sa femme)
  • des rapports non rémunérés avec statut de sujet/partenaire de l’échange (par exemple une femme qui a des rapports gratuits transgressant les normes de sa société en la matière)
  • des rapports non rémunérés avec statut d’objet d’échange pour la femme (violence sexuelle transgressant les normes sociales en vigueur : par exemple, les viols considérés comme illégitimes car ne se situant pas dans le cadre d’un rite ni d’un mariage – les viols conjugaux en sont donc tout à fait exclus)

 

Maintenant qu’on a fait un point sur les définitions du rapport prostitutionnel, Tabet revient dans un cadre différent : tous les échanges économico-sexuels, qu’ils soient socialement acceptés ou transgressifs. On élimine donc de la catégorie étudiée les types de rapport sans échange économique (qu’ils soient perçus ou non comme prostitutionnels n’est pas la question).

On se retrouve avec deux formes d’échanges économico-sexuels :

  • celui défini comme prostitution, transgressif et rejeté
  • celui qui est socialement accepté : mariage a but économique, « dons » de la part de l’amant réalisés en échange de services sexuels, « prix de l’épouse ».

Dans ce contexte strictement hétérosexuel, Tabet nous dit que « seule la sexualité des femmes entre dans le champ des transactions économiques ».

Elle exprime sa volonté d’examiner tous les actes sexuels entre homme et femme dans un cadre d’échange économique sur un pied d’égalité : que l’échange économique soit perçu comme acceptable ou comme transgressif.

 

A travers une étude de cas de Bronislav Malinowski sur les relations économico-sexuelles dans les iles Trobriand, elle amène un questionnement sur la construction des sexualités féminines et masculines.

Il s’agit d’une société avec un système d’échange de services sexuels contre des cadeaux, qui restent existants au sein du mariage comme en dehors.

Cela étonne l’ethnologue, car il observe que les femmes sont considérées comme personnes désirantes dans cette société : si elles sont désirantes, qu’est ce qui rend l’échange économique ? Pourquoi ne retrouve-t-on pas simplement des échanges sexuels sans autre composante ?

Pour répondre à cette question, elle nous cite d’abord les opinions de Mauss (« c’est universel que les actes sexuels des femmes sont des services sexuels rendus aux hommes ») et de Levy Strauss (c’est « la contrepartie d’un fait universel : le lien de réciprocité qui fonde le mariage n’est pas établi entre des hommes et des femmes, mais entre des hommes au moyen de femmes »).

Tabet déduit que ce qui rend l’échange économique est une différence de statut social entre la sexualité féminine et la sexualité masculine : le rapport de domination économique entre les hommes et les femmes empêche l’existence d’une réciprocité. Souvent le continuum s’exerce lors de l’accès à l’age adulte : On passe d’une sexualité de jeu lors de la découverte de la sexualité, gratifiée par des cadeaux, a une sexualité qui est un service du, contre rémunération.

Les inégalités de traitement dans la sexualité masculine et féminine aux Trobriand sont finalement bien présentes (…comme partout ailleurs), mais elles sont dans les conditions d’exercice matérielles de cette sexualité et non pas dans les discours la représentant. C’est un biais masculin (et raciste : on est dans le « mythe du bon sauvage ») qui pousse l’anthropologue à voir les constructions sexuelles genrées comme identiques.

 

Comment, et avec quelles conséquences, la sexualité des femmes se retrouve-t-elle traitée comme un travail, dans tant de sociétés différentes ?

Elle note une constante traversant beaucoup de sociétés : l’accès aux outils est restreint pour les femmes, principalement les outils de chasse et de pêche, et donc fournissant les protéines animales. Les femmes, principales fournisseuses de travail et de nourriture, sont privées du produit alimentaire considéré comme précieux. Tout se joue au niveau de l’accès aux moyens de production. Dans les sociétés industrialisées, il s’agit de l’accès à la propriété.

L’alliage de la dépendance féminine à l’égard des hommes, de la rémunération qui satisfait les besoins quotidiens, et de l’utilisation massive du viol (voire du meurtre) comme moyen de contrôle envers celles s’y refusant installe durablement une situation ou la sexualité féminine ne peut qu’être service.

Dans ce contexte, la prostitution peut être vue comme une réelle alternative au mariage : Des femmes se retrouvent avec un « choix » qui est de vendre du sexe, ou d’en donner à leur mari contre leur subsistance. Il s’opère ainsi une « division sociale du travail spécifique et interne à la classe sociale des femmes ».

Cette division est entre les différents aspects du travail conjugal féminin : le service sexuel vendu par une prostituée peut être associé ou non au service domestique (ménage, cuisine), au service émotionnel (offrir un soutien émotionnel à l’homme), ou encore au service reproductif (les malaya par exemple fournissent des enfants pour elles mêmes et non pour les donner à la famille du mari).

On retrouve des cas où la relation prostitutionnelle s’apparente à une relation de conjugalité, incluant des services domestiques, émotionnels, reproductifs, comme des cas où la sexualité seule est fournie, dissociée des autres services du domaine du « care ».

Elle note que le contrôle des femmes sur le service fourni et la rémunération varie selon le contexte politique, culturel et économique, entre autres selon le statut du travail sexuel dans le pays concerné. Il y a des situations où l’homme donne sans obligation de montant et où il serait très mal vu pour la femme de demander, d’autres où la femme peut choisir et imposer son tarif pour chaque pratique, et, bien sur, beaucoup de situations hybrides. Dans la plupart des contextes, il est moins stigmatisant pour une femme d’accepter les conditions d’un homme que de fixer les siennes propres.

 

Le chapitre Ruptures dans le Continuum aborde les situations où des femmes fuient le mariage en se tournant vers le travail sexuel, qui leur permet de ne pas devoir donner du sexe à un mari et de déménager vers les grandes villes, où elles acquièrent une indépendance et s’organisent en communautés.

Cette fuite est causée par des violences sexuelles, des tortures physiques et psychologiques. Tabet se demande : « que pouvons nous appeler choix ? [Une femme] est contrainte au mariage par le viol, et par le viol elle est contrainte à la prostitution. ». Elle se retrouve sans autre alternative qui soit pérenne sur le plan économique. Le travail sexuel est ce qui permet à de nombreuses femmes à travers le monde d’accéder à la propriété immobilière, où à la propriété de biens mobiliers ne perdant pas en valeur (or, bijoux..).

Cet axe d’analyse permet de comprendre en quoi le travail sexuel peut être un choix, même s’il reste soumis au système patriarcal et non pas extérieur. Un choix pour le moins pire, un choix pour survivre, même s’il est mal vécu.

La soustraction de ces femmes au marché marital et la réappropriation de leur sexualité comme outil de travail amène la répression des hommes. D’abord la répression dans le cadre familial ou tribal (cas des associations d’hommes Luo qui enlèvent les prostituées Luo pour les empêcher d’exercer et les ramener dans leur village), puis celle dans le cadre légal comme au Ghana où, en 1929, la Free Women’s Marriage Proclamation fait enfermer les prostituées en prison, où elles peuvent être achetées par des hommes se portant garants de leur bonne conduite future (« un mari ou tout autre homme désireux de se charger d’elles », P. Roberts, 1987 : 61). On observe des cas fréquents de rafles des prostituées pour les réinsérer dans le circuit marital et une volonté de les rééduquer. En France, des associations ont ce même rôle.

Les lois et politiques migratoires répressives s’ajoutent à cet arsenal déjà fourni pour limiter au maximum la mobilité des femmes à l’échelle mondiale.

La conséquence principale est que lors d’une migration à grande échelle il y a souvent une perte de pouvoir de la femme dans la transaction : les structures d’état « tendent à assigner les migrantes aux places spécifiques des femmes, c’est à dire aux travaux qui définissent les femmes comme classe ». Elles sont donc contraintes aux travaux du care : ménage, cuisine, travail sexuel, souvent au profit d’autres, d’hommes, de patrons. Des femmes travaillant pour de grandes entreprises de ménage à celles travaillant pour des bordels, en passant par celles exploitées par des réseaux criminels.

Le fait de criminaliser la situation juridique de ces femmes (par exemple quand elles n’ont pas de papiers) les rend vulnérables à l’emprise des hommes, qui ont le pouvoir de leur faire passer ou non une frontière, de garder ou non un emploi.

Le dernier chapitre reprend des données trouvées plus tôt dans l’analyse pour les mettre en relation :

  • dans le monde entier, il y a une concentration absolue ou presque des richesses entre les mains des hommes
  • les femmes effectuent bien plus de la moitié des heures de travail
  • la « dépendance économique » des femmes est endémique
  • l’échange économico-sexuel est une constante des rapports entre les sexes

De plus, le travail sexuel féminin, attirant un vaste tourisme sexuel, crée toute une économie de services (hôtels, restaurants, taxis) et d’entreprises dont les femmes sont exclues. On note aussi l’exclusion des femmes de l’éducation à la sexualité (une bonne jeune fille est une jeune fille innocente/respectable), ainsi que de l’éducation tout court : déposséder une classe du savoir c’est assurer un rapport de pouvoir à long terme.

Pour Tabet, ces données s’imbriquent : « On peut faire l’hypothèse que c’est le surplus de travail des femmes, qui joint à l’écart économique (et technique) existant entre les hommes et les femmes, rend possible, et ce dès les sociétés technologiquement les plus simples, l’échange économico-sexuel. Ce surplus de travail des femmes est la condition d’accès des hommes à un surplus de temps libre, donnée déterminante pour le savoir et la création. »

On est dans l’œil du cyclone du patriarcat, le cœur de toute exploitation, « la charnière du rapport de classe entre les hommes et les femmes ».

Ce livre est précieux en ce qu’il apporte un discours scientifique et focalisé sur le vécu des femmes au sujet du travail sexuel mais aussi au sujet de la migration genrée.

On peut regretter la densité du sujet, qui fait qu’on pourrait s’y intéresser des heures et qu’en 200 pages on peine à aborder en profondeur certains points pourtant intéressants. Par exemple, les migrations à l’échelle mondiale sont évoquées rapidement par rapport à la multitude de témoignages et d’études sur les migrations intra-nationales.

Les rapports de domination raciaux sont peu abordés, au profit d’un traitement en tant que classe des femmes, là où il est nécessaire de mettre en évidence les spécificités de vécus des femmes migrantes en occident, qui rencontrent des problématiques supplémentaires par rapport aux femmes travaillant dans leur pays d’origine quel qu’il soit.

L’ouvrage se pose néanmoins sur de nombreuses questions souvent peu ou pas traitées, ou sous un tout autre angle : en Europe, les réflexions sur le travail sexuel se limitent souvent à l’abolitionnisme légaliste, pensant la prostitution comme torture, d’un côté, et un féminisme pro-sexe posant le travail sexuel comme choix d’empowerment de l’autre. Pourtant, ces deux postures ignorent la majorité des vécus de femmes prostituées, qui sont au final plus un choix entre les différentes options qu’elles ont : ce qu’elles peuvent faire, qu’entre leurs rêves : ce qu’elles voudraient faire dans un monde débarrassé du racisme et du patriarcat.

 

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